Texte - La course
Introduction
Je
reprends ici quelques textes écrit de ma main en 1999. J’ai
modifié quelques petites tournures qui, à l’époque, me
semblaient justes mais qui à présent me semble dépassées.
J’ai
tenté de rester le plus proche possible des écrits d0il y a quinze
ans et pense y être parvenu, sans trop trancher dans le vif.
Bonne
lecture.
La
journée en ce matin d’automne était splendide.
Le
soleil emplissait de lumière toute la petite plaine qui se
présentait devant moi et un léger vent soufflait, faisant bruisser
doucement les hautes herbes qui abondaient dans toute la vallée.
Je
regardais du haut de mon mètre soixante l’immense tableau qui
s’offrait à moi. Il faisait chaud. Les oiseaux, de couleurs
diverses et encore nombreux pour la saison voletaient dans le ciel
azur où quelques nuages seulement restaient là, comme pour nous
permettre de donner un fond à ce ciel qui aurait paru infini sans
eux.
Sur
les deux montagnes qui s’élevaient des deux côtés de la vallée
s’enracinaient de grands arbres, puissants et nobles. Cela devait
être, me semblait-il, des Erables, mais je n’en étais pas sûr et
au fond peut importait de toutes manières car ils n’avaient pas
besoin d’être nommés où classés pour être beaux. Quelques
rochers grisâtres ornementaient les parties vierges d’arbres de la
forêt, cela ressemblait de loin à un collier dont les montagnes
s’habillaient comme si elles eussent eût des doutes sur leurs
magnificences, que personne n’avait pourtant jamais mise en doute.
Au
loin se dessinait un chemin de pierre. En le regardant plus en détail
j’aperçus une silhouette, qui trottinait sur ce chemin. Sans doute
un grand homme âgé puisque je pus distinguer un bâton qui l’aidait
vraisemblablement à marcher.
A
ses côtés, une autre forme, plus petite celle là, marchait en
zigzaguant.
Une
sensation d’apaisement empli mon être tandis que je regardais les
deux silhouettes. La joie de savoir que je n’étais pas seul dans
cette vallée et que d’autres pouvaient admirer les beautés de cet
endroit me confortait dans mon avis : cette vallée était l’une
des plus belle que j’ai jamais vue.
Une
envie de partager ce bien être me poussa à essayer de rattraper les
deux inconnus et je me mis en marche afin de les atteindre avant
qu’ils ne disparaissent derrière le flanc de la montagne, tout au
loin.
Au
début je marchais, puis, voyant que je ne me rapprochais pas d’eux,
je commençais à courir de plus en plus vite. Mon souffle commençait
à s’intensifier et j’avais à présent du mal à respirer. Des
gouttes de sueurs suintaient de mon front et mouillaient mes yeux
presque fermés par le sel.
Les
deux silhouettes ne se rapprochaient toujours pas. La plus petite des
silhouettes ne zigzaguait plus. Ma volonté de les rejoindre disparu
peu à peu en même temps que je perdais mon souffle. Je commençais
à ralentir doucement et mes foulées devinrent à nouveau des pas
pendant que je voyais les deux hommes s’éloigner. Je m’arrêtais
finalement, épuiser, et m’appuyais à un arbre à côté du chemin
essayant de récupérer mon souffle.
Je
m’asseyais au pied de l’arbre, l’ombre qu’il produisait
ravivait ma conscience et mes sens perdus lors de cette course sans
arrivée. Je ne regardais plus les silhouettes, je voulais simplement
regarder un instant à mes pieds, me reposer un peu.
Je
redressais la tête après quelques instants et vis les silhouettes
qui disparaissaient derrière la montagne que je n’avais pu
atteindre. Un sentiment d’amertume m’emplit.
Plus
personne pour partager avec moi le spectacle de cette vallée.
Je
regardais à nouveau le chemin, c’était un chemin de rocaille,
blanc comme du linge fraîchement lavé. En le regardant je me
sentais redevenir calme. L’air frais balayait mon visage et séchait
mes gouttes de sueur.
Regardant
le parcours que j’avais fait, je me disais que je devais avoir
couru sept bons kilomètres. Sur le chemin, exactement là où
j’avais commencé ma course, je vis soudainement apparaître deux
silhouettes. Elles ressemblaient aux deux autres mais la petite, ne
zigzaguait pas. Au contraire, elle marchait en avant de l’homme
traçant une trajectoire presque parfaite en plein milieu du chemin.
Je me levais, le visage tourné vers les deux inconnus qui
s’approchaient rapidement.
Finalement
ils arrivèrent plus près de moi et je pus enfin distinguer un
enfant et un vieillard avec un bâton. Le vieil homme avait le
souffle court et son dos voûtés laissaient transparaître une
immense fatigue. Ils me regardèrent à leurs tours et je sentis une
sorte de rancœur dans leurs yeux. Le vieil homme parla :
''Pourquoi !
Pourquoi courriez vous ?'' me demanda-t-il.
''Nous
avons essayez de vous rejoindre mais plus nous avancions et plus vous
courriez vite !''
Je
ne compris pas tout de suite ce qu’il voulait dire. Je pense que
vous l’avez compris quant à vous.
Alors
la prochaine fois que vous verrez quelqu’un marcher au devant de
vous, sachez que d’essayer de le rattraper vous éloignera
peut-être plus de lui que vous ne le pensez…
Revu
/14 Gabriel Cerbero
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